Hier, je suis allée consulter en Médecine Traditionnelle Chinoise sur le secteur de Plougastel-Daoulas pour un dérèglement d’ordre physiologique. Il était enfin temps pour moi d’oser franchir cette porte.
Cela fait un moment que cette pratique m’appelle, mais c’est après deux années de formations en kinésiologie _où il est beaucoup question de Médecine Traditionnelle Chinoise _ et un an de pratique professionnelle que j’ose me lancer et m’offrir cette consultation.
Accueillie dans un cadre agréable et chaleureux, je suis en confiance pour démarrer cette séance et tâcher d’avancer sur la question de ce dérèglement physiologique qui m'amène. Après un bref échange sur les raisons de ma visite, la séance commence.
A peine allongée sur la table et après quelques aiguilles posées au poignets et aux chevilles, la personne qui me soigne me pose la questions de mon activité, et du temps que je la pratique. Je lui explique que je démarre doucement mon activité en kinésiologie, et que je souhaite pour le moment conserver un mi- temps dans un domaine d’activité complémentaire, mais distinct.
Tout en continuant la séance, nous évoquons le sujet de ma position en tant que jeune praticienne. Je lui explique que la discipline me passionne, que je lis énormément à ce sujet, que je suis convaincue de l’efficacité des méthodes que j’applique et du travail sur le corps.
Je sors d’une journée d’atelier bien être au collège la veille où j’ai une fois de plus pu estimer et apprécier le degré de détente dans le corps qui peut se relâcher au fur et à mesure de la séance.
Mon interlocutrice me demande alors pourquoi je doute dans mon installation et ne me donne pas plus de chance de ne pratiquer que la kinésiologie, si de plus en ce moment j’en ai le temps.
Elle m’évoque alors le syndrome de l’imposteur. Oui, je vois ce dont elle veut parler, mais je suis étonnée qu’elle m'adresse cette question. A vrai dire, je ne me la suis jamais posée. Mais je sens confusément qu’elle a mis le doigt sur un gros morceau.
Si je me pose avec honnêteté devant ce syndrome, je coche quand même pas mal de cases sur la liste.
Souvent ne pas me sentir à ma place
Avoir l’impression que ce que je fais n’est pas suffisant, ou carrément ne pas tenter ducoup
Douter de ma valeur, de ma légitimité dans mon domaine,
Remettre en question ce que je fais, ce que je dis,
Supporter difficilement le regard des autres.
C’est très énergivore et usant, et surtout absolument pas dans une spirale de création positive.
Alors cette personne qui me demande pourquoi je ne souhaite pas exercer à temps plein ce métier passion met le doigt sur une très bonne question: Qu’est ce qui m’empêcherait d’en faire mon métier à plein temps ?
Effectivement, pourquoi souhaiter assurer mes arrières autrement alors que je me suis lancée dans cette phase de reconversion il y a trois ans ? A la sortie de la séance, ma praticienne me remet une couche sur cette question du syndrome de l’imposteur qu’il va falloir certainement venir travailler et me recale une séance pour le mois prochain. Est ce lié à ce qu’elle voit sur le corps et les points des méridiens qu’elle active ?
Le travail déjà accompli
En deux ans de formation, je n’ai pas abordé cette question du syndrome de l’imposteur. Je pense qu’il fallait l’aborder après d’autres questions plus présentes durant la formation. En effet, il y avait déjà bien des sujets:
le droit d’exister,
le droit d’avoir ma propre place,
le droit de me regarder avec estime et bienveillance,
Ce sujet de “dégeler des tensions inappropriées, qui n’ont plus lieu d’être”...merci Julie;)
Et bien d’autres objectifs de cette teneur, telles des couches d'oignons qui se travaillent progressivement, abordés mois après mois au manoir de Keranden avec mes chères collègues de formation !
Mais celle d’avoir l’impression de ne pas mériter ce qui m’arrive, en venant traiter un problème d’ordre physiologique, j’avoue que je ne l’ai pas vue venir !!
C’est pourtant la suite logique.
Et là, je fais le lien avec ce que j’ai appris et approfondi par le prisme de la kinésiologie. C’est à dire ce que le corps peut engrammer dès la vie foetale, en fonction de l’ambiance de la maman lors de sa grossesse.
Or, en ce qui me concerne, ma maman avait du mal à fixer ses grossesses et plusieurs autres embryons n’ont pas eu la chance de s’accrocher intra utero. ( au moins deux avant moi et aussi d’autres après) Mais je suis quand même la troisième enfant de la famille sur quatre. Et à chaque grossesse, un temps d’alitement très important et des hormones pour soutenir le développement de bébé a dû être soigneusement respecté.
Ça paraît énorme de réaliser cela à 43 ans, mais ce tout début de mon histoire a été insécurisant, aussi en lien avec un déménagement.
Une questions me vient alors : Est ce que les comportements que j’ai développés ne viennent pas d’aussi loin que ça… ?
A ce moment là, inconsciemment et dans mon corps, la question peut s’être toujours posée : Pourquoi moi plutôt qu’un autre ?
Dans la lecture de mon parcours de vie, je mets beaucoup de place pour la chance d’être bien entourée, d’avoir des ressources psychologiques, des possibilités de solution dans plusieurs domaines.
En y regardant de plus près, le fait est que comme j’ai du mal à cerner en quoi j’en suis légitime, j’ai construit des mécanismes de soutiens provenant de l’extérieur
Et c’est vrai que j’ai beaucoup de chance
d’être née dans le pays où je suis née
à un époque où les femmes peuvent évoluer beaucoup plus librement,
d’avoir eu une famille unie, accès à une éducation de qualité,
d’avoir rencontré l’homme qui partage ma vie depuis mes 19 ans,
que mes enfants soient en bonne santé …
Oui, certains facteurs sont extérieurs à ce bonheur, mais certains d’entre eux, j’en suis bien responsable ! J’ai choisi et construit une partie de ces choses, et pas d’autres. Un volet de mon histoire ne m’appartient pas, ou plus exactement me dépasse.
En kinésiologie, on vient chercher des mémoires dans le corps. Ainsi j’ai pu revisiter des grands chapitres fondateurs dans ma vie d’enfant qui ont façonné la personne que je suis devenue par la suite.
Dans mon histoire, la maladie de mon jeune frère diabétique à 2ans1/2 et le fonds dépressif de ma mère font partie du décor. Cela ne m’a pas empêché de grandir et d’évoluer à mon rythme, mais teintée tout de même d’appréhension et d’inquiétude.
Quel serait le prochain épisode dans la saga ? Beaucoup de culpabilité face au mal être de ma maman, c’est certain et beaucoup d’auto agressivité aussi, comme je l'évoque dans ma présentation.
Pourquoi ma mère qui avait tout pour elle n’a pas su ou pu prendre soin d’elle ? Mourir ans à la cinquantaine, ce n’est pas le pari.
16 ans plus tard, dans la trentaine, c’est mon frère qui tombe malade et meurt en plein Covid. De telles pertes peuvent mener à des traces profondes dans le corps des vivants.
Les manifestations dans le corps
Je ne cherche pas à tout analyser, mais de cette première séance d'acupuncture, je comprends que le froid a figé et envahi une partie de mon corps, suite à ces deux disparitions. Un dysfonctionnement de chaleur s’est installé et c’est pour ça que ce premier rendez-vous est tellement nécessaire. Afin de rétablir une meilleure circulation de chaleur dans mon corps.
Alors bien que ce soit encore confus, je suis assez reconnaissante pour ce rendez-vous de médecine chinoise traditionnelle et pour ce que le corps est venu libérer.
Ce fut une séance dense et éprouvante, de contacter les états dans lesquels j’ai été plongée à l’annonce de la disparition de maman et d’Adrien. Mais elle m’a permis de dé-figer intérieurement.
Tout ce travail d’éveil à la conscience du corps en mouvement, extérieur et intérieur…
J’espère poursuivre prochainement cette exploration. Mais d'ores et déjà, je sens que quelque chose a bougé et qu’il est temps de balayer le syndrome de l’imposteur.
Reprogrammer Antoinette vivante et confiante pour oser et prendre le dessus ! Place à une spirale de croissance positive et autorisante en ces lieux que j'occupe dans cette existence ! Oser écrire mon histoire et mes ressentis est un pas de plus sur ce chemin de croissance.
Alors, vous aussi, le syndrome de l’imposteur vous parle ? allons travailler la question ensemble !!
On ne parle jamais mieux que de ce que l’on connaît.
Cela me rappelle une phrase qui m’avait marqué à l’adolescence lors d’une lecture ou d’un cours de théâtre:
"Montrez-moi une personne qui n'a jamais aimé et je vous dirai qu’elle n'a jamais souffert"...